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Pendant toute la durée de l’occupation, le Pays d’Auge
a servi de base arrière aux troupes d’occupation qui surveiller
la zone côtière. De nombreux états-majors y avaient
établis leurs quartiers généraux et les services
divisionnaires, leurs bases opérationnelles.
Ces données expliquent les réquisitions de châteaux et manoirs où se succédèrent les différentes unités en fonction de leur présence sur le front oriental … sachant que la Normandie permettait de ressourcer les troupes et d’en former des nouvelles.
Ces données particulières permettent de comprendre les rapports entre la population, l’administration locale et les soldats allemands. De nombreux témoignages existent. Dans le livre « Les Normands sous l’occupation – Vie quotidienne et années noires » Thibault Richard fait une analyse quasi exhaustive des conditions de vie d’alors.
Nous avons relevé un premier exemple qui illustre la rigueur de l’occupant dès lors qu’il s’agit d’informations militaires : le nommé Remi Juin, 21 ans, domicilié à Montviette a trouvé le 19 mai 1943 dans un herbage appartenant à son père, un pigeon voyageur jeté par parachute d’un avion anglais et a essayé de transmettre à l’ennemi des informations de caractère militaire et politique sur des évènements du territoire occupé. La cour martiale l’a condamné à mort pour ce motif le 24 août 1943. Le jugement a été exécuté.
A contrario, le second exemple a trait à une collaboration commerciale pour satisfaire les besoins de l’occupant. « Les officiers allemands, amateurs de bonne chair, se font souvent servir des repas qui n’ont rien à voir avec ceux des populations françaises. Là encore, le droit du vainqueur permet de modifier interdictions et obligations à sa convenance. Au point même de protéger de la rigueur de la loi française, des fournisseurs poursuivis pour diverses malversations comme ce négociant de Vimoutiers que le bureau de la garnison de Paris défend avec vigueur. M … distillateur et négociants en alcool à Vimoutiers fait l’objet de procès-verbaux dressés par l’administration des contributions directes. Le 10 mai 1942, le Truppendienstelle – Bureau de Garnison L 39079, L G P A – Entrepôt d’Approvisionnement du Gross Paris témoigne en faveur de leur fournisseur : « Par la présente, nous certifions que notrte service ne donne aucune valeur à une poursuite pour irrégularités de prix patriqués par la maison … de Vimoutiers concernant les livraisons à notre unité, car d’un côté les preuves de l’administration des contributions indirectes apparaissent sans importance et de l’autre côté, la maison … livre des marchandises de bonne qualité et nous lui accordons grande confiance et un intérêt commercial. » (Archives de l’Orne, série W, Cote W 86 49/5 M 5)
D’autres témoignages locaux illustrent cette présence.
Le témoignage de Mme Elisabeth Dufresne, fille du comte et de la comtesse de Touchet, les propriétaires du domaine du château de Vimer, à Guerquesalles, situé à quelques encablures de Vimoutiers. : « Pendant l’occupation il a vu se succéder quatre états-majors dont le dernier a été celui de la division SS Adolf Hitler. Il a servi en quelque sorte de lieu de villégiature aux Allemands. Dans le bois, à proximité, un dépôt de carburant de l’armée allemande avait été implanté. »
Dans ses chroniques publiées en 1945 tenues pendant l’occupation par Joseph BOISSON, Maire d’Aubry – le - Panthou de 1899 à 1960 précise que le château d’Osmond, qui fut occupé maintes fois par des Formations allemandes différentes, n’échappa pas au pillage. Les SS qui l’occupèrent le plus souvent, enlevèrent beaucoup de mobilier de valeur. Tous ce qui paraissaient les gêner, fut d’abord entassé dans les greniers du château ; leur contenu fut ensuite jeté dehors, brûlé, détruit systématiquement par les SS qui l’occupèrent avant le débarquement anglais, ne laissant dans cette belle demeure que ce qu’ils n’avaient pu enlever ou ne les intéressait pas. »
Le témoignage du Docteur Boulard, sous son pseudonyme d’écrivain JEAN BARD - dans la Revue Le Pays d'Auge de Mars 1952 traduit l’attitude de la population : En 1940, nouvelle occupation allemande, la troisième en 125 ans. Suivant leurs traditions les Vimonastériens agirent avec prudence. Tout autour les drames se succédaient : arrestations, fusillades, déportations, emprisonnements. Il n'y eut pas d'enfants de VIMOUTIERS inquiétés et VIMOUTIERS ne connut aucunes représailles. Pourtant les S.S. de la DIVISION ADOLPHE HITLER séjournèrent à deux reprises et manifestèrent des exigences sans cesse renouvelées. Maire et adjoints se défendirent pied à pied avec dignité et évitèrent le pire. Des dégâts matériels et ce fut tout.
A partir du 3 novembre 1943, les rapports avec l’occupant devinrent plus difficiles quand Hitler ordonna au haut commandement militaire allemand de renforcer la défense des côtes. Les Allemands sont convaincus qu’un débarquement aura lieu dans le Pas-de-Calais. Néanmoins Rommel intensifie la création d’obstacles tout le long de la cote, et à l’intérieur, crée des champs d’asperges et des rampes de lancement de V 1 et de V 2 : réquisitions et surveillances furent accrues.
A partir de mars 1944, le nombre des divisions allemandes présentes en Basse-Normandie est de 10, soit un effectif de 100.000 hommes dans le Calvados et dans la Manche. L'armée allemande se prépare au débarquement Le littoral et la côte sont précipitamment mis en défense. Les unités sont tenues en état d'alerte permanent. Leur cantonnement est de plus en plus précaire. Les difficultés de ravitaillement sont quotidiennes. Les approvisionnements sont de plus en plus difficiles en raison des bombardements et des actions de la Résistance. Les réquisitions de main-d’œuvre deviennent systématiques. Les rapports entre les soldats et les civils changent donc radicalement. La résistance est de plus en plus active, les exactions par certains militaires plus nombreuses.
Compte tenu de son rôle des implantations des Etats-Majors et des services divisionnaires, le Sud Pays d’Auge reste un relatif havre de paix, où néanmoins une ligne de défense va être mise en place. Etablie avec des unités d'observation, de tirs (Artillerie, DCA) sur les hauteurs, elle était précédée d'unités d'intervention blindées et de fantassins équipés des redoutables Panzerfaust qui, en contre-bas, profitaient des zones boisées et des chemins creux pour tendre des guets-apens.
Ainsi, la 12° Division SS panzer arriva en Avril en Normandie dans la Région d’Evreux à Trun et Mortagne au Perche, où elle a poursuivi sa formation. Le Standartenführer K. Meyer, du 25 ° SS-Panzergrenadierregiment a son PC au château d’Osmond à Vimoutiers … la 15° Compagnie de reconnaissance s’installe au Sap … Otto Funck, un grenadier, raconte son installation dans l'école de jeunes filles, celle du commandant de compagnie dans un petit château plus au sud (Villers en Ouche ?), les exercices quotidiens, les manœuvres hebdomadaires dans le cadre du régiment ou du bataillon ...
Ils ont donc une connaissance réelle du Pays d’Auge, de ses petites routes encaissées, des versants pentus et boisés. Les Allemands sont là, partout … Ils attendent de pied ferme. Des soldats sont dans la plupart des fermes.
Toutes les agglomérations sont occupées. Vimoutiers sert de base arrière du 2° SS Panzer Korps, avec au sortir de la ville, un centre de ravitaillement en carburant et des stocks de munitions. Ces données étaient connues des Alliés et peuvent être à l’origine du bombardement du 14 juin dont les Allemands s’étaient éloignés quelques jours avant.
Au sortir de la Poche, avec un pont intact, Vimoutiers néanmoins sera un pôle de ralliement pour les Allemandes en fuite. Ainsi, le 21 août, des pommes de terre et de la viande attendaient, le long de la rivière Vie, les allemands en fuite … jusqu’à midi … quand le II° S.S. Panzer Korps décida de se replier. (Eddie Florentin – La Poursuite) …
Quand les canadiens se présentèrent pour libérer la ville, ils durent faire face à une opposition réelle …
Cette carte illustre l'étendue et la diversité des reliefs de la Commune de Vimoutiers. Elle doit servir à localiser l'arrivée des unités canadiennes au Nord Ouest, et les nids de résistance allemandes sur les hauteurs dominant la ville et les zones boisées au Nord, à l'Est et au Sud.
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